Sur les terres rouges de Ban Lung

Nous quittons le Laos, avec des impressions un peu partagées (mais surement aussi un trop court séjour pour se faire une véritable impression). L'itinéraire que nous avons choisi était le plus evident pour 2 semaines a travers le pays, mais ne faisait étape que dans grandes villes en manquant ce qui a surement le plus d'interet au Laos : la nature préservée des forets et des montagnes.

Depuis les iles, pas vraiment le choix pour se rendre dans le nord-est du Cambodge, il faut payer le prix fort pour le trajet (qu'on attend pour ce prix ''Vip''). On prend malgré tout avec philosophie -et parce qu'on commence a etre rodés- l'attente d'une heure avant le passage de la frontiere, celle de deux heures apres le passage de la frontiere, et notre patience reste tout aussi infinie lorsqu'on nous jette sur un bord de route dans l'attente d'un probable bus local pour finir le trajet. Ca sert bien a quelque chose de se lever a 6H le matin pour arriver a 20H... 150Km plus loin.

Bref, on est contents de trouver une belle chambre dans les arbres a notre arrivée a Ban Lung (la c'est facile, on saute tout de suite sur deux motos taxis qui nous conduisent, nous et nos gros sacs sur le dos, a une chouette guesthouse). On est vraiment excités d'etre au Cambodge (et avec raison, projetés une semaine plus tard le feeling est tres bon jusqu'ici !)

Autour de Ban Lung, dans la province de Ratanakiri, le Cambodge rural se dévoilent le long des pistes de terre ocre dans un environnement aride entre savane et foret. Tres vite transformés en peaux rouges par le sable soulevé par le passage des autres véhicules, nous volons quelques photos au passage depuis l'arriere de la moto. Il fait chaud et les cascades sont de bonnes étapes sur la route pour se rafraichir - rien de tel qu'une bonne douche a haute pression sous une chute en pleine foret ! Le lac formé dans un cratere et indiqué comme principal point d'interet de la region est un endroit tres reposant a lumiere du soir mais pas aussi impressionnant que ce que nous avions imaginé (mais on peut s'imaginer beaucoup de choses en prenant a la lettre les tirades lyriques du Lonely planet).

Dans l'un des hameaux, nous arrivons sur une route barrée, et quelques indices nous laissent penser qu'il s'y déroule une fete de village. Alors qu'on s'approche, on est invités a se joindre au rassemblement dans la maison communale pour gouter -et pas question de faire semblant !- aux alcools de riz accompagnés de plat de viande crue (que l'on identifie comme de la typhoide en boite et que l'on esquive poliment). Autour d'un concerto de gongs, un jeune villageois qui parle anglais nous explique finalement qu'il s'agit d'une fete en l'honneur de jeunes mariés. Pas de photos de cette rencontre, si ce n'est une photo volée de Jr qui ne refuse jamais un petit alcool local. Tous ici semblent tres génés devant l'appareil, on suppose que cela peut etre lié a leur religion animiste (la photo capturerait les esprits.)

La ville est loin des rues raffinées de Luang Prabang, on y retrouve les flux de motos et autres bouiboui ambulants, dans un décor un peu rétro. Coup de coeur pour le marché de Ban Lung, le plus bordelique qu'on ait vu : la bouffe, les enfants, les vetements, les poubelles, la musique a fond du vendeur de stereo, les marchands qui font la sieste dans des hamacs, les chiens, les decharges, tout se mélange dans une osmose etonnante.

Les terres rouges de Ban Lung etaient exactement ce dont on avait besoin - un peu de liberté et d'exploration en moto loin du flot des touristes, avant de prendre la direction des temples d'Angkor.

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Comments

[Xavier]

Merci pour vos photos et vos textes, toujours si riches, si sensibles... Bon, là, on va me dire que j'en fais trop, mais c'est sincère. Les photos de Jean-Rémi en Indiana Jones et sous la cascade, celle de Marie se reposant, sont superbes !